Stressé au travail? Vous n’êtes par seul(e). Statistiques Canada estime que 21% des Canadiens sont stressés ou très stressés au boulot et ce pourcentage pourrait être sous-estimé. Selon ADP, 53% des employés au pays ressentent des émotions négatives concernant leur emploi.(1) De plus, un sympathique sondage réalisé sur LinkedIn témoigne que 56% des répondants se disent stressés ou très stressés au travail. (2)
Selon la firme internationale Gallup (3) les Nord-américains trônes tristement au haut du palmarès des employés les plus stressés dans le monde, ex æquo avec les travailleurs de l’Asie de l’Est. 52% des employés sondés par Gallup, soit 46% des femmes et 42 % des hommes se sentent stressés au travail. Les pourcentages sont plutôt stables selon les âges. Il est également insensible au lieu où le travail est réalisé à savoir en présentiel, en virtuel ou en mode hybride.
Serait-il possible que les Canadiens ne se reconnaissaient pas comme une communauté stressée au travail à la hauteur de leur réalité? Cette question n’est pas anodine. Dans l’affirmative, cela pourrait expliquer en partie que des tabous et croyances continuent d’être alimentés au détriment d’initiatives en matière de prévention du stress et de santé mentale.
La surcharge de travail s’avère être la principale cause de stress au boulot. Rappelons que la charge de travail est un des risques psychosociaux que l’employeur doit gérer en vertu de la Loi sur la Santé et sécurité au travail (article 51).
L’INSPQ (5) propose un cadre pour évaluer la charge de travail d’un collaborateur. Cela implique d’aller au-delà d’un simple calcul mathématique (temps par tâche x nombre de tâches). Il faut aussi prendre en considération l’environnement de travail et la perception de l’employé. La charge de travail et le stress qui en découlent sont influencés par la complexité du travail à réaliser, les demandes formelles et informelles qui sont formulées ainsi que le temps disponible. Ils sont également modulés en fonction du nombre de personne qui définissent les priorités, la quantité d’interruptions et les imprévues susceptibles d’intervenir.
De plus, l’évaluation de la charge de travail inclus la perception, l’expérience vécue par celui-ci ; sa vision de la réalité.
Pistes de solutions : conserver un dialogue continue entre l’employé et le gestionnaire. Reprioriser régulièrement, valider le niveau de précision attendu et réévaluer les échéanciers. La peception des attentes nourrie le stress ressentis.
L’article Stressez-vous bien? publié dans la Revue Gestion explique que les moments de jonction entre les différentes facettes de la vie sont propices à causer du stress. La consolidation travail/vie personnelle figure en tête de liste et s’avère être la 2ème principale source de stress.
Sous le concept général de stress au travail, des nuances s’imposent. Il y a d’abord ce que les chercheurs Cross et Dillon (6) identifient comme les stresseurs significatifs. C’est le cas par exemple de réaliser une présentation devant plusieurs personnes ou constater l’arrivée d’une date d’échéance importante. Parallèlement, des micro-stress cohabitent. Ce serait le cas de chercher un document mal classé ou être interpelé par deux questions faciles simultanément. L’enjeu : nous sous-estimons les micros-stress, leur impact sur notre corps et notre santé mentale.
Physiquement, nous reconnaissons bien les épisodes de stress significatifs et réagissons conséquemment (accélération du rythme cardiaque, mains moites). Le fait que nous n’ayons pas les mêmes indicateurs en contexte de micro-stress ne les rendent pas moins nocifs pour autant.
Piste de solutions : toujours selon Cross et Dillon, identifier un maximum de trois scénarios causeurs de micro-stress. Il s’agit ensuite de prévoir des plan B ou des réactions (exemple : poser des questions, challenger un délai ou un livrable). En sommes, la prévisibilité et un plan d’actions claire permettent de réduire l’impact des micro-stress.
Les indicateurs de santé mentale au pays sont préoccupants. L’Université de Montréal évalue que 38% des employés expérimentent présentement de la détresse psychologique au travail.(7) C’est plus d’une personne sur trois! Combiné au fait que l’absentéisme pour des fins de santé s’est accru des 14% au cours des 5 dernières années, le stress au travail et la santé mentale demeure des pierres angulaires du bien-être des employés.
(2) Sondage LinkedIn : Quel est votre niveau de stress au travail la majorité du temps ?
(3) file:///C:/Users/annie/Downloads/state-of-the-global-workplace-2023-download.pdf
(4) Loi sur la santé et la sécurité au travail
(5) Risques psychosociaux du travail | Institut national de santé publique du Québec
(6) The Hidden Toll of Microstress, Harvard Business Review, 7 février 2023
(7) Santé mentale au travail: un enjeu toujours préoccupant | UdeM Nouvelles
[Auteur(e)] Annie Boilard
Annie Boilard, BAA, MBA, M. Sc., CRHA, est présidente du Réseau Annie RH.
Elle œuvre en formation (développement des compétences) depuis bientôt 20 ans. En plus d’être une professionnelle en ressources humaines elle est également une animatrice séniore, elle est également une entrepreneure et une gestionnaire d’entreprise (et d’équipe) expérimentée.
Au quotidien, Annie travaille à titre de formatrice et de coach auprès de leaders et de professionnels afin de développer leurs compétences comportementales et leurs habiletés à travailler ensemble.
Elle est également chroniqueuse sur 4 stations de radio hebdomadairement, conférencière, blogueuse, notamment pour Les Affaires et auteure. De plus, elle est continuellement interpellée à titre d’experte sur la vie au travail, le monde du travail ainsi que le leadership et la gestion des ressources humaines.
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